Voici le bilan et les critiques des livres lus par BRUNO depuis le 1er janvier 2008. 38 livres, soit 8482 pages

François Morel, Les plus beaux villages du vin de France, éd. Flammarion, 100 p.
Par un des plus fins connaisseurs français en vin, voici un très bel ouvrage : un voyage frais en France, dans ce qui reste le plus beau et le plus grand pays en matière de richesse viticole. De l'Alsace aux Pays de la Loire en passant par le "Versailles des vins" (la région du Médoc), on découvre de nouveaux aspects du pays de Rabelais.
Gudule, Dancing Lolita, éd. Bragelonne, 100 p.
Polar et livre d'anticipation sur le thème de la jeunesse éternel. On suit les pas de la petite Mina, gosse martyre partie rejoindre sa grand-mère. Elle croise sur son chemin un écrivain parti dans une étrange quête. Un livre noir à souhait qui ne s'embarrasse pas de politiquement correct. Une vraie découverte pour moi !
Jean-Luc Douin, Films à scandale !, éd. du Chêne, 150 p.
Cet essai sous forme d'encyclopédie est le livre posthume de Claude-Jean Poignant que j'ai eu la chance de rencontrer. Saint-Aaron est une petite ville des côtes d'Armor ou l'auteur a posé ses valises et est parti à la rencontre de ses habitants et de leurs souvenirs. Des histoires de traditions, de travaux, de fêtes locales. Des histoires de chevaux aussi. Un recueil touchant.

La révélation littéraire de l'année 2004. L'auteur, une jeune française d'origine maghrébine raconte au travers d'un roman la vie d'une adolescente dans une cité de banlieue. Une vie rythmée par un décor triste à pleurer, les fins de mois difficiles, les magouilles de toute sorte, les visites des assistantes sociales mais aussi les petites joies quotidiennes. Et ce que l'on peut dire c'est que Doria, la narratrice, sait raconter sa vie comme personne, avec le sens de la formule, de la vanne et de l'auto-dérision. Un vrai moment de bonheur !
Russell Banks, De beaux lendemains, éd. Actes Sud, 253 p.Dans une petite ville de l'État de New-York, un bus scolaire a un accident de la route, provoquant la mort d'une dizaine d'enfants. Cet accident et ses suites sont racontés par quatre personnages : la conductrice du bus, l'avocat chargé de représenter les victimes, un veuf inconsolable qui a perdu ses deux jumeaux et une adolescente rescapée mais qui a perdu l'usage de ses jambes. Un roman poignant sur le deuil, la culpabilité, la souffrance et, finalement, le pardon et le retour à la vie. Ce livre a été adapté au cinéma.
Robert Van Gulik, Assassins et poètes, éd. 10/18, 279 p.
Van Gulik s'est servi d'un personnage historique, le juge chinois Ti (630-700) pour créer une série de polars chinois. Dans cette aventure, le juge Ti enquête sur la mort d'un jeune étudiant en littérature. La solution à cette énigme pourrait bien venir grâce à la poésie, à un retour sur le passé et... aux renards. Un très bon polar, raffinée et subtil.
Daniel T. Max, La Famille qui ne dormait pas, éd. Robert Laffont, 316 p.
Non, ce livre n'est pas un thriller à la Stephen King, comme le titre pourrait le laisser penser. Il s'agit d'un essai médical, tout aussi terrifiant, sur une étrange maladie : le syndrome de l'insomnie fatale familiale (IFF), une maladie dégénérative qui attaque impitoyablement le cerveau et dont le symptôme le plus spectaculaire est une impossibilité de dormir. Cette maladie rare touche quelques centaines de malades dans le monde, et parmi eux les membres d'une famille italienne depuis le XVIIIème siècle. En nous racontant cet étrange syndrome, l'auteur nous entraîne jusqu'en Papouasie car parler de cette maladie du sommeil c'est aussi raconter ce qu'est le prion, à l'origine de l'IFF. Le prion, que le grand public a découvert avec la maladie de la vache folle, a révolutionné depuis quelques dizaines d'années la médecine. On découvrait à cette occasion qu'une maladie pouvait être déclenchée par un organsime non-vivant, une protéine quasi indestructible ! Un livre de vulgarisation sur la médecine passionnant.


Ismail Kadaré, Trois chants funèbres pour le Kossovo, éd. Fayard, 119 p.
Ismail Kadaré, le plus célèbre écrivain albanais, auteur du Général de l'Armée Morte et du Concert a sorti en 1998 ce recueil de trois récits que je qualifierais plutôt de roman historique. Le thème unique de ces trois histoires est l'épisode de la bataille des Champs de Merle qui, le 28 juin 1389, a mis en déroute une coalition balkano-chérétienne contre une armée turque et musulmane. Ce livre suit tour à tour la genèse, lé déroulement et la retraite de cette guerre qui reste traumatisante pour les habitants des Blakans même sept siècles plus tard. Note : 12/20
Knud Romer, Cochon d'Allemand, éd. Les Allusifs, 187 p.

Ray Bradbury, L'homme illustré, éd. Denoël, 336 p.

Claudine Tissier, Sujitha, La fille à la tâche en forme d'une étoile, éd. Filaplömb, 22 p.

Joan Aractingi, Des Hamsters et des hommes, éd. Filaplömb, 22 p.

Michael Farr, Tintin et Cie, éd. Moulinsart, 60 p.

Patricia Cornwell, PostMortem, éd. Livre de Poche, 287 p.
Kay Scarpetta, la célèbre médecin légiste, s'intéresse à un tueur en série diabolique et pervers. Problème supplémentaire : son travail est espionné par une mystérieuse taupe qui s'ingénue à le dévoiler à la presse. Le meurtrier ne serait-il pas un policier ou un proche du Dr Scarpetta ? Un polar qui se lit bien mais qui semble avoir un peu vieilli. Pas mal. Note : 12/20
Dan Brown, Forteresse Digitale, éd. JC Lattès, 450 p.
Ce premier roman de Dan Brown suit les aventures aux USA et en Espagne d'une jolie cryptographe et de son petit ami en lutte contre des malfaisants prêts à tout pour mettre à mal un supercalculateur de la NSA grâce à un code incassable. C'est improbable au possible et pas du tout de la même veine que le Da Vinci Code. A éviter. Note : 8/20
Patrick Artus et Marie-Paule Virard, Globalisation, le Pire est à venir, éd. La Découverte, 165 p.
Un livre déprimant à souhait comme on peut le deviner, mais aussi très instructif et à lire pour garder les yeux ouverts sur les dangers extrêmes du Libéralisme économique. Ce livre sorti durant le premier semestre 2008 fait le point sur la crise financière déclenchée par les "subprimes" américains, ces prêts immobiliers à risque. Contrairement aux affirmations rassurantes ici ou là dans la presse, les deux auteurs (pas des novices, ni non plus des communistes aguerris : P. Artus est expert pour Natixis et MP Virard a été rédactrice en chef de la revue économique Enjeux-Les Echos) mettent en garde le public : cette crise financière n'est pas un épiphénomène qui se resolvera de lui-même mais bien la preuve d'un embalement du libéralisme. On apprend ainsi qu'après la bulle de l'Internet (1995-2000), a suivi celle de l'immobilier (2000-2007) puis la bulle sur les matières premières et le pétrole, bien plus dangereuse. Pire, d'autres bulles financières, toujours plus importantes et dangereruses risquent d'advenir si des freins ne sont pas mis en place. Le libéralisme est une machine folle qui demande toujours plus, au risque de mettre en danger la terre elle-même (un ex président de Citigroup déclarait durant l'été 2007, dans une boutade amère : "Tant que la musique joue, vous devez vous lever et danser..."). La qualité de cet essai est qu'en plus d'être concis et (relativement) simple, les auteurs expliquent pédagogiquement les principales notions de la finance et de son fonctionnement : que sont les subprimes, qu'ont apporté les accords de Bâle II, qu'entend-on par "fonds souverains", que recouvre la liquidité mondiale. C'est si intéressant que l'on regrette presque de ne pas en savoir plus. Bref, un parfait livre de vulgarisation que je vous conseille. Note : 18/20
Claude Lanzmann, Shoah, éd. Folio, 285 p.
Chen Fou, Récits d'une vie fugitive, éd. Gallimard/UNESCO, 180 p.
Un classique, paraît-il, de la littérature chinoise. Ce récit raconte la vie d'un intellectuel pauvre du XVIIIe siècle et celui de son épouse aimée mais malheureuse. Un livre court mais très riche et qui prend la liberté de ne pas être un récit purement chronologique. Un très beau lyrisme mais je me suis pour tout dire ennuyé. Note : 11/20
Collectif, 100 questions de sciences à croquer, éd. Le Pommier, 185 p.
Un recueil de vulgarisation scientifique traitant aussi bien de mathématiques que d'économie, de sciences naturelles, de physique ou d'astronomie. L'obectif étant de répondre à des questions telles que : "Combien l'espace a-t-il de dimension ?", "Quelle est la plus belle formule de mathématiques" ?" ou bien encore : "Nos forêts vont-elles disparaître ?" Intelligent et distrayant. Parfait pour un tel ouvrage. Note : 17/20
Marcel Schwob, Oeuvres (Coeur double, La Croisade des enfants, Spicilège et essais), éd. Phébus, 364 p.
Ce recueil rassemble l'essentiel de l'oeuvre de Marcel Schwob. Cet auteur, tombé dans l'oubli, mort à moins de 40 ans au début du XXème siècle, a cependant laissé une oeuvre originale et puissante qui me semble particulièrement actuelle. De son vivant, M. Schwob a d'ailleurs été salué par des maîtres comme Cocteau , Gide ou Paul Valéry comme un auteur majeur. Les 3 livres que j'ai découvert sont assez significatifs de son talent. Coeur Double est un recueil de nouvelles fantastiques à l'écriture exigeante et lyrique. J'ai cependant préféré la Croisade des Enfants. Ce court texte (moins de 20 pages) pastiche des chroniques médiévales qui racontent, avec des narrateurs différents (un lépreux, des enfants, un clerc, deux papes, notamment) la véridique croisade d'enfants en 1212). Spicilège est un recueil de textes dont le plus passionnant est celui consacré à François Villon. Marcel Schwob a été un grand découvreur de ce poète hors norme, l'un des fondateurs de la littérature et de la poésie française. Un essai qui en plus nous replonge dans la France du XVème siècle et dans la société des marginaux de cette époque. Note : 18/20
Rachel Cusk, Arlington Park, éd. de l'Olivier, 292 p.
Une journée de la vie ordinaire de quelques Anglaises d'un quartier hupé de Londres. Une sorte de "Desperate Housewifes", mais en moins drôle. C'est grinçant, pathétique, superbement écrit (à quand un roman français de ce niveau ?) et parfois avec des pages lumineuses (cf. le chapitre sur la baby-sitter italienne). Je vous conseille ce superbe roman, d'une très grande qualité et bravo à la traductrice - je cite son nom : Justine de Mazères. Note : 18/20.
Kathy Acker, Sang et Stupre au lycée, éd. Laurence Viallet, 200 p.
Voilà un livre qui ne laissera pas indifférent. La narratrice est une lycéenne américaine qui est envoyée par son père à New-York. De ce père, on apprend qu'il y a une relation incestueuse. Arrivée à New-York, l'adolescente plonge dans la drogue, le sexe et la violence. C'est un livre extrême, par une écrivaine qui, après avoir été censurée de nombreuses années, est devenue une auteure contemporaine majeure de la littérature américaine. Ce roman peut également se lire, à mon sens, comme le récit des fantasmes, des peurs et des frustrations d'une jeune adolescente. On est cependant en droit de trouver ce livre violent et par moment agaçant. C'est mon cas. Cependant, j'ai apprécié la variété de styles utilisés. Note : 10/20 Cf. ce lien vers une autre critique.
Stephen Clarke, God Save la France, éd. Nil, 362 p.

Pierre Desproges, Les étrangers sont nuls, éd. Points Seuil, 120 p.
Pierre Desproges est l'auteur de long sellers : c'est depuis 30 ans l'un des auteurs français les plus lus. Il faut dire que même s'il est mort il y a 20 ans il reste très actuel : un auteur maniant l'art de la dérision avec beaucoup de talents. Et vu qu'en France (et ailleurs) la dérision est presqu'un art de vivre, un peu pour le meilleur et souvent pour le pire, c'est dire que Desproges est presque un maître à penser. Dans ce petit recueil de chroniques, Desproges s'amuse à caricaturer à l'extrême nos amis européens et non européens avec un une mauvaise foi et un sens de la caricature assez amusants ; la perfidie est assumée tout comme la xénophobie et le racisme. Un livre à lire au second degré, pour ceux que cela amuse. De mon côté, passées les trois premières chroniques, j'ai tendance à trouver ce livre un peu ennuyeux et répétitif. Note : 12/20
Muriel Barbery, L'élégance du hérisson, éd. Gallimard, 360 p.
Le best-seller surprise en France en 2007, grâce à un bouche-à-oreille amplement mérité. L'histoire ? La vie d'un immeuble parisien du 7 rue de Grenelle raconté par deux narratrices : une gamine de 12 ans surdouée qui a choisi de se suicider d'ici un an et une concierge qui prend soin de cacher son goût pour les arts, la culture et la littérature. Ces deux personnages comme le reste de la faune de l'immeuble vont être transformés par l'arrivée d'un nouveau résident, un Japonais. Un livre plein d'humanité qui se lit comme du petit lait. Note : 17/20
Robert Merle, La mort est mon métier, éd. Folio, 370 p.
Ecrit et sorti dans les premières années de 1950, ce roman a été un choc littéraire et il l'est encore d'une certaine manière. D'abord parce que ce roman fait partie des premiers grands livres traitant de la shoah, à une époque où cette réalité n'était pas encore acceptée. Ensuite parce que c'est un roman - aujourd'hui encore, la littérature concentrationnaire est vue comme un thème "sacré" à ne surtout pas être traité sous l'angle de la fiction. Enfin, l'audace vient du traitement même de ce roman : l'auteur s'est en effet mis dans la peau d'un nazi, en s'inspirant sans le nommer de la vie de Rudolf Hoess qui a été commandant du camp d'extermination d'Aushwitz. Cela donne une fausse biographie passionnante qui est aussi un portrait de l'Allemagne entre 1914 et 1945. Certaines périodes sont hélas un peu trop vite balayés (comme, paradoxalement la période des premières années de la seconde guerre mondiale). On aurait sans doute aussi aimé plonger un peu plus dans l'appareil du parti nazi. Mais enfin, le but de Robert Merle a été d'expliquer comment un soldat exemplaire a pu concevoir avec zèle, administrer sans état d'âme et exécuter plus de deux millions de juifs dans l'enceinte de son camp. Un livre édifiant, plus de 50 ans avant la sortie d'un autre grand roman sur l'univers concentrationnaire, fausse autobiographie d'un nazi aussi : Les Bienveillantes. Note : 16/20
Héléna Marienské, Le degré suprême de la tendresse, éd. Héloïse d'Ormesson, 208 p.

Cormac Mc Carthy, La Route, éd. Olivier, 245 p.

Matsumoto, Tokyo Express, de l'année, éd. Picquier, 188 p.
Il s'agit, semble-t-il, du plus célèbre polar japonais. L'inspecteur Mihara enquête sur une affaire a priori banal de suicide d'un couple. Mais quelques détails ne collent pas. En se basant sur des horaires de train, l'inspecteur découvrira la vérité. Un bon polar, assez astucieux et qui change de nos polars occidentaux. Note : 14/20
Hervé Mestron, Le couple, de l'année, éd. Comedia, 170 p.
Le couple de l'année c'est Bruno et Bernadette, à qui leurs amis et familles ont offert un voyage en Egypte qui va s'avérer désastreux puis surprenant. Un livre unique, dans tous les sens du terme. L'éditeur Comedia propose en effet des livres sur-mesure dans lesquels vous choisissez les personnages, les décors et l'action d'un roman. Comment ? Vous n'avez pas devinez qui sont Bruno et Bernadette ? Note : 12/20
Carlos Fuentes, En inquiétante compagnie, éd. Gallimard, 311 p.
Le plus grand écrivain mexicain s'approprie dans ce recueil de 6 nouvelles les mythes de la culture fantastique et d'épouvante : fantômes, vampires, mort-vivants, revenants, etc. Mais il les place dans le monde moderne et dans un style baroque très latino-américain. Une curiosité que j'ai bien aimée bien que ce ne soit pas à mon sens le livre de l'année. Note : 13/20

Yasmina Khadra, Les Hirondelles de Kaboul, éd. Julliard, 187 p.
Dans l'Afghanistan des Talibans (avant leur chute en septembre 2001), deux hommes et deux femmes tentent de trouver leur place dans un pays gangréné par l'Islam rigoriste et fou des Talibans. Un roman poignant qui décrit le martyr d'un pays et de ses habitants jusqu'à une fin poignante. A lire absolument ! Note : 18/20
Winifred Watson, Cette sacrée vertu, éd. 10/18, 222 p.

Nicci French, Sourire en coin, éd. Livre du Mois, 270 p.
De retour du travail, Miranda trouve Brendan, sa dernière conquête, installé chez elle en train de lire son journal intime. Inadmissible pour la jeune femme qui le met à la porte. Or, trois semaines plus tard, Kerry, la soeur de Miranda, lui annonce la grande nouvelle de ses fiançailles avec un homme, sui se trouve être... Brendan. Voilà l'ancien amant de retour dans la vie de Miranda, mais pour le pire cette fois. La vengeance est un plat qui se mange froid et s'agissant de manipulation mentale, Brendan est vraiment très, très fort. Un polar anglais mené tambour battant par Nicci et French mais que j'ai trouvé un peu mollasson sur la fin. On passe cependant un bon moment même si je trouve que certains points du roman auraient mérité d'être un peu plus fouillés : l'affaire du journal intime, le personnage de Brendan et la fin. Note : 12/20
Joan Didion, L'année de la pensée magique, éd. Grasset, 282 p.
C'est un témoignage poignant qui nous est proposé dans un de ces livres majeurs de l'année 2007 : Joan Didion, un des auteurs phares américains, raconte l'année de deuil qui a suivi la mort de son mari, l'écrivain John Gregory Dunne. Une année "particulière" qui est aussi celle de la grave maladie de leur fille. Peu d'auteurs ont su à ce point parler du deuil, l'événement le plus ordinaire et le plus terrible de l'existence humaine. Le thème de ce document est certes difficile mais il est impossible de ne pas aller au bout de ce grand livre. Note : 17/20
2 commentaires:
Excellent, le coup du livre de Mestron!
Tu mets des notes aux livres que tu lis ?
Sandrine
Enregistrer un commentaire